Les étuves de la Porte aux Chanoines


Pourquoi y-avait-il presse aux étuves de la porte-aux-chanoines ? Pierre Gras, auteur d'une "Histoire de Dijon", nous en donne une explication :

Au XVème siècle " la prostitution avait peut-être plus d'ampleur qu'à la fin du XIXème ou au début du XXème siècle. A la "maison des fillettes", propriété de la ville en 1417, imposante demeure comportant trois corps de bâtiments, qui recevait le tout-venant, s'ajoutaient à la fin du XVème siècle les sept étuves ( dont l'une était la propriété de l'évêque de Langres et une autre celle de l'abbé de Saint-Etienne ) que fréquentait une clientèle d'un milieu social souvent plus élevé et les filles "secrètes" ou "claustrières" qui travaillaient pour leur compte."
Pour Henri Chabeuf, il n'y avait à Dijon, au XVème siècle, que quatre maisons d'étuves : rue Vertbois, près la rue du Champs-de-Mars ( proximité rue Bouchepot) ; rue Chanoine, propriété de l'Abbaye de Saint-Etienne ; rue de la Liberté ( rue Saint Guillaume ) ; enfin les bains dits " de la Rochelle " ( nom dû à la proximité de la propriété d'un homme venu de La Rochelle ). Toutes ces maisons étaient établies sur le même modèle ; elles se cachaient au fond d'allées discrètes, avec issues sur des rues diverses.

Joseph Garnier, auteur d'une publication sur les "Etuves dijonnaises" en dit ceci : " Les bourgeoises ou femmes d'artisans, n'abordaient les étuves aux jours réservés qu'en grand nombre ou sous la garde de leurs maris. Les autres jours les étuves devenaient des lieux de plaisirs de toute sorte, quand cela ne descendait pas en lieux de prostitution. Quand baigneurs ou baigneuses, après avoir successivement passé de l'étuve au bain chaud, se reposaient sur des lits disposés dans les chambres de l'étage et se réconfortaient en buvant, à petit coup, des hanaps remplis d'un vin épicé, il arrivait souvent que l'établissement se changeait en salles de festins ; alors, selon l'énergique expression d'une contemporaine, " on oyait crier, hutiner, saulter tellement qu'on était étonné que les voisins le souffrissent, la justice le dissimulât et la terre le supportât."

Peut-être avons-nous réponse à la question.